J’ai déjà parlé dans un article précédent des difficultés à trouver les enfants de mes ancêtres Louis Luxemburger (1836-1892) et Catherine Christ (1830-1882) vanniers ambulants.
Les officiers d'état civil, eux, hésitaient sur le lieu de naissance à inscrire pour ces enfants nés "en passant".
Parti d’Alsace au début des années 1850, le couple a sillonné les routes pendant vingt ans, le long de la Saône, de la vallée du Rhône et jusque dans l’Aude (trajet en rouge sur la carte).
Après la Guerre de 1870, comme tous les Alsaciens-Mosellans ils doivent « opter » pour la France ou l’Allemagne. Ils se présentent une première fois à la mairie de Lyon séparément le 2 mai 1872 pour choisir la France. Louis retourne déclarer ses six enfants le 23 septembre 1872. Il utilise ce jour-là son prénom usuel Maurice. Et donne tous les lieux de naissance… avec quelques approximations rectifiées grâce aux recensements des années qui suivent.
Les précisions apportées dans les actes par les officiers d’état civil nous permettent d'imaginer les circonstances des naissances :
- Marie Claire serait née le 28 février 1856 à Azille dans l’Aude mais l’acte est introuvable. A-t-elle vraiment été déclarée ?
- Paul vient au monde à Homps dans l’Aude en plein hiver le 10 décembre 1859 à trois heures du matin « dans le chariot de son père en station dans l’auberge du sieur Sigala Paul ». Espérons que la famille avait fait un bon feu.
- Michel naît également en plein hiver le 21 décembre 1863 à Genouilleux dans l’Ain, à trois heures du matin (une estimation que Louis donne à chaque naissance ?). Le petit garçon est né « en passant ». Un cabaretier et un jardinier locaux sont témoins.
- Pierrette est plus chanceuse. Elle arrive dans le Beaujolais où ses parents sont "domiciliés pour quelques jours au dit Morancé" le 26 janvier 1866 à trois heures du matin (confirmation que le père donne toujours cette heure) « dans le domicile de Monsieur Benoit Delachanal". Enfin un brave homme.
- Thérèse vient au monde dans la Drôme, toujours en hiver le 19 janvier 1868, mais à cinq heures du matin, « de passage à Tain, naissance dans sa voiture nomade, placée au quartier de l’Isle ».
- Joseph, mon arrière-grand-père, naît au début de l’été le 28 juin 1870 à Ville-sur-Jarnioux ans le Rhône : « … dans sa voiture, lieu du Vivier... » à deux heures du matin.
Tous survivent alors que leur petite sœur Marie Jeanne (1873-1874) née après la sédentarisation de la famille à la Croix-Rousse à Lyon meurt à seulement 19 mois.
Sources : Archives départementales du Rhône (4E6596, 4E7095), de l’Aude (100NUM/5E172/7), de la Drôme (2 Mi 1046/R1), de l’Ain (FRAD001_ECLOT41035), Archives municipales de Lyon (2E1066, 2E1071); Option des Alsaciens-Lorrains, Bulletin des Lois 1872.