Plusieurs branches de ma famille se sont installées sur les bords de la Saône à Lyon, cette rivière majestueuse et parfois impétueuse.
La mémoire familiale raconte encore les crues, mais aussi les joutes nautiques encore pratiquées de nos jours et mentionnées dans un document de 1507: « les pêcheurs de St Vincent (Lyon) tirèrent l'oye et joustèrent, sur la Saône à St-Jean pour distraire la reine Anne de Bretagne et ses gens ».
Au XVIIIe siècles les propriétaires de l’immeuble familial étaient des « marchands sur la rivière Saône ». Ils habitaient le quartier Saint-Paul et leurs trois fils s’étaient installés le long du cours d’eau, les deux ainés en amont de la rivière à Verdun-sur-le-Doubs et Chalon-sur-Saône pendant que le benjamin restait à Lyon. Trois ports majeurs pour le transport fluvial, première voie commerciale à cette époque.
Mais la Saône fut aussi une frontière, entre le Saint-Empire romain germanique et le royaume de France, entre les deux Bourgogne, et entre le Comté de Savoie et le Lyonnais. Plus récemment la ligne de démarcation de la Seconde Guerre mondiale passait par la rivière.
Les armoiries des départements de la Côte-d'Or et de la Saône-et-Loire, ainsi que certaines communes situées entre Saint-Jean-de-Losne et Lyon, la partie la plus navigable, comportent des éléments qui rappellent cette histoire.
Les armoiries de la Bourgogne
Elles ont été adoptées par Philippe le Hardi, fils du roi de France et comte de Touraine en 1364, lorsqu’il réunit la province (à gauche). Le duché de Bourgogne lui a été donné en apanage par son père et le comté de Bourgogne apporté en dot par sa femme. Il unit ses armes personnelles qui se distinguent de celles du roi par l'ajout d'une bordure (au centre) et les anciennes armes des ducs de Bourgogne capétiens (à droite).
Les départements de Côte-d'Or (à gauche) et de Saône-et-Loire (à droite) sont en Bourgogne
Les éléments évoquant la rivière et la frontière
Huit villes ont adopté des blasons comportant des éléments rappelant la rivière, des fasces ou ondulations, des poissons et des ancres.
Exemples de gauche à droite: Pagny-la-Ville et ses "deux bars affrontés d'argent"; Pouilly-sur-Saône : « De gueules à la fasce ondée..»; Lechâtelet: « ... l'écusson accompagné de trois ancres d'argent, deux en chef et une en pointe...».
Six villes ont des remparts ou tours sur leur blason, témoignage de fortifications et châteaux nécessaires pour défendre la région et servir de barrières frontalières. Ainsi Tournus, Trévoux et Villefranche-sur-Saône.
La légion d'honneur
Chalon-sur-Saône, Tournus et Saint-Jean-de-Losne furent décorées de la Légion d’honneur pendant les Cent-Jours.
Lyon arbore trois médailles, obtenues plus récemment: la croix de chevalier de la Légion d'honneur, la croix de Guerre et la médaille de la Résistance avec rosette.
Conclusion
Les armoiries locales, communes, départements, ajoutent des éléments d'histoire à la généalogie.
sources: D’HOZIER, Charles, Armorial Général de France, 6e volume, Bourgogne, Duché, généralité de Dijon folio No 219, (1696). TAUSSIN, Henri, Les villes décorées de la Légion d'honneur, Paris, Emile Lechevalier (1848)