Nos ancêtres ont eu beaucoup d'enfants non prénommés parce que nés sans vie ou morts dans les heures qui suivaient, tous ces petits "X" de nos bases de données généalogiques. Lorsque je cherche les enfants d'un couple, j'essaie de ne pas les oublier dans la liste.
Ces enfants n'apparaissent dans les registres paroissiaux que s'ils ont été ondoyés à la naissance, souvent par le père ou la sage-femme. Cela permet de les considérer comme baptisés et de leur donner une sépulture chrétienne. Les témoins cherchent activement un souffle de vie pour pouvoir les bénir. Le sexe de l'enfant est rarement précisé.
Ainsi en 1724 à Saint-Martin-la-Sauveté dans la Loire, cet enfant "ayant été ondoyé à la maison à cause du pressant danger de mort, est mort quelques heures après sans qu'on lui ait pu suppléer les cérémonies du baptême à l'église a été enterré ... dans le cimetière de la paroisse".
En 1765, mon ancêtre Louis Bernard a ondoyé un de ses enfants à la maison "dans le cas d'une nécessité pressante" et en présence de son frère.
Après la Révolution les enfants nés sans vie comme ceux morts quelques heures après sont inscrits sur les registres d'état civil et dans les listes décennales de décès. Il est donc facile de les manquer si l'on ne regarde que les tables décennales de naissances.
Jean-Pierre Crouzet et Marie-Anne Martin ont eu un fils mort deux heures plus tard en 1810 à Saugues en Haute-Loire.
Leur petit-fils Auguste Crouzet et son épouse Élisabeth Pichon ont douze enfants dont trois nés sans vie, trouvés dans les tables de Saint-Etienne et de Lyon mais qui auraient pu facilement être oubliés.
Tous ces petits X peuvent de nos jours recevoir un prénom.
Source peinture: Antonie Palamedesz, un enfant de la famille Honigh sur son lit de mort, c.1675-1700