Le Code civil de 1804 prohibe, entre autres, le mariage entre beau-frère et belle-sœur bien qu’ils n’aient pas de liens biologiques. Cette loi est dans la continuité des restrictions de l’Ancien Régime. Seul le mariage religieux existait, un sacrement par lequel la parenté « par alliance » était assimilée à la « parenté naturelle ».
Une loi de 1832 lève partiellement cet interdit (article 164) : "néanmoins il est loisible au roi de lever pour des causes graves, les prohibitions portées par l'article 162, aux mariages entre beaux-frères et belles-sœurs". Au fil des régimes, l’Empereur puis le Président de la République peuvent accorder cette dispense. L’interdit est levé en 1914 sauf si le mariage précédent a été dissous par divorce.
Catherine Élisa Thérèse Allier, appelée Thérèse, est la quatrième des six enfants de Jean Allier et Marguerite Vial, cultivateurs propriétaires. Née le 21 septembre 1827 à La Pacaudière dans la Loire, elle devient couturière et épouse le 28 janvier 1852 à l’âge de vingt-quatre ans Claude Bocquet, vingt-sept ans, un serrurier originaire de Moulins-Engilbert dans la Nièvre. Leur union ne dure que dix-huit mois car Claude décède prématurément le 4 juillet 1853. Ils ont un fils âgé de quelques mois.
L’année suivant Thérèse se remarie avec son jeune beau-frère Amable Bocquet, cordonnier de vingt-deux ans qui habite aussi à La Pacaudière, le reste de la fratrie Bocquet vit à Caen et à Paris. Amable a reçu le consentement de ses parents restés dans la Nièvre.
Les futurs époux ont obtenu pour se marier des « lettres patentes qui rapportent la prohibition portée par l’article 162 du code Napoléon à la date du neuf septembre mil huit cent cinquante quatre et homologuées par acte du tribunal civil de Roanne le trente septembre dernier. » Le jugement a été perdu, nous ne saurons pas quelles étaient les "causes graves" invoquées.
Le couple a un fils, François, mort à un an puis part vivre à Lyon où un deuxième garçon, Jean-Marie vient au monde. Il n’a que deux ans lorsque sa mère Thérèse Allier meurt le 13 mai 1869, à quarante-et-un ans. Le premier fils de Thérèse, qui est pourtant le neveu d'Amable, ne vivait pas avec eux. Où était il placé? Il deviendra soldat et vivra à Vincennes.
Amable se remarie quatre mois plus tard avec une piqueuse de bottines, Pierrette Houry, qui décède en 1876. Jean-Marie est de nouveau orphelin à l’âge de neuf ans. Son père part vivre en région parisienne et l'enfant est perdu de vue jusqu’à son incarcération à la Maison d’arrêt de Tonnerre dans l’Yonne en 1890, première étape de nombreuses condamnations. Mais ce sera un autre article.
Sources : archives départementales de la Loire ; Gallica (BnF)