Genealuxie
Généalogiste

Genealuxie, généalogiste à Lyon (69)

I comme Incompatibilité


Les actes notariés, contrats de mariage ou donations, dans lesquels les parents donnent à leur enfant le domaine d’exploitation en échange de leur soutien pendant la fin de leur vie comportent souvent la formule « en cas d’incompatibilité ». Elle permet de préciser la rente qui devra être versée si le jeune couple ne s’entend pas avec les anciens.

 

Le 16 janvier 1777, Claudine Pichon, soixante-sept ans et veuve depuis sept mois, organise sa fin de vie et sa succession à l’occasion du mariage de son fils Antoine.  

Claudine, née le 22 mars 1709 à Saint-Jean-Bonnefonds dans la Loire, s'est mariée à l’âge de quinze ans avec Fleury Pichon (1700-1776) un laboureur cloutier. Le père de Claudine avait épousé en quatrième noces la mère de Fleury, mais malgré leur homonymie, ils ne sont pas cousins (au moins sur les trois générations précédentes). Ils habitent la Terrasse à Izieux (incluse dans Saint-Chamond) et ont douze enfants, dont huit parviennent à l’âge adulte. 

Avant de décrire la donation faite à Antoine, les sept autres héritiers sont listés. 

 

Claudine donne tous ses biens meubles à son fils Antoine Pichon (1732-1809) à condition qu’il verse trente livres à chacun de ses frères et sœurs lorsqu’elle mourra. Mais surtout « à la charge aussi par ledit donataire de nourrir et entretenir ladite mère pendant sa vie, de la faire inhumer suivant son état après son décès s’en rapportant pour les œuvres pieuses et frais funéraires à l’honneur de son donataire ».

 

Mais en cas d’incompatibilité, donc de mésentente avec le jeune couple, « ladite donatrice se réserve la pension annuelle et viagère de deux bichets de froment, dix bichets de seigle, douze livres d’huile, douze livres de beurre, trois charretées de charbon de terre, douze livres de fromage, un quart de sel, deux douzaines d’œufs, … »

 

Bien entendu, Claudine aura besoin de vêtements et d’un logement, « un habit complet tous les trois ans, et de son chef ledit Pichon futur époux a assigné à sa dite mère audit cas de séparation la jouissance d’une chambre garnie de meubles suffisants pour son ménage, dépendante des bâtiments dudit époux… ».

 

Et enfin, Claudine se réserve « deux brebis à son choix sur celles qui sont actuellement dans leur maison ».

 

Impossible de savoir si la cohabitation s’est bien passée. Claudine vit un peu plus de trois ans avec son fils et sa bru, et assiste à la naissance de deux petits-enfants, Claudine et Claude. Elle meurt le 29 avril 1780 à l’âge de soixante-et-onze ans.

Au-delà de la donation contre rente qui est classique à cette époque, le contrat nous livre des informations très intéressantes sur la vie de cette ferme, qui produit du froment et du seigle, élève des poules et des brebis, fait des fromages et utilise le charbon de terre produit dans la vallée du Gier où réside la famille.

 

Sources : Archives départementales de la Loire (cote 5E33_451)


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