Les femmes de nos familles se retrouvaient seules avec leurs enfants pour de multiples raisons : veuvage à toutes les époques, mari « disparu » au XIXe siècle, divorce au XXe. Mon arrière-arrière-grand-mère Hélène Galissaire connut cette situation à l’approche de la quarantaine avec trois enfants âgés de quatorze, douze et sept ans.
Catherine « Hélène » Galissaire est née le 24 novembre 1842 à Bazas en Gironde. Sa mère, trente-six ans, modiste, porte le même nom. Le père est inconnu, comme l’était celui de son frère aîné Jean, né en 1835, peut-être le même homme mais nous ne le savons pas. Toute sa vie Catherine sera appelée Hélène, prénom de sa grand-mère.
Catherine Galissaire mère devient charcutière et décède en 1863. Jean, vingt-huit ans et Hélène, vingt ans, sont des enfants naturels reconnus. Selon le code civil en vigueur à cette époque, ils n’héritent que de la moitié des biens de leur mère, leur grand-mère et leur oncle maternel sont cohéritiers. La famille vend la propriété reçue en héritage ce qui permet à Jean de garder la charcuterie et à Hélène d’avoir une petite dot lors de son mariage.
Hélène épouse en 1866 un plâtrier originaire de l’Ariège, Dominique Combes. Ils se déplacent beaucoup pendant leurs quatorze ans de vie commune et leurs enfants naissent à Laroque-d’Olmes en Ariège (Berthe 1866), Bazas (Abel 1869) et Bordeaux (Georges 1874) en Gironde.
Entre 1874 et 1881, surviennent deux évènements que je n’ai pas encore élucidés : Dominique disparait et Hélène part à Lyon avec ses enfants.
Dominique a « disparu » d’après la fiche matricule de son fils Abel en 1889; il est décédé dans celle de son autre fils Georges en 1894. D’ailleurs Berthe, sa fille, fournit un acte de décès à la mairie lors de son mariage en 1898. Mais je n'ai toujours pas trouvé le lieu et la date de la mort de Dominique Combes.
L’autre mystère est le départ pour Lyon. Les déplacements d’ouest en est ne sont pas fréquents en France à cette époque et je n’ai trouvé aucune famille ou relation à Lyon qui aurait pu expliquer cette décision. Pourtant Hélène est bien présente au 37 rue de Chaponnay avec ses enfants en 1881 (recensement plus haut).
Elle était lisseuse ou repasseuse, les deux mots ont la même signification dans le Bordelais. À Lyon elle travaille comme blanchisseuse, puis tient un meublé avec deux locataires. Enfin à partir de 1898, elle est marchande foraine sur le marché de la place Voltaire.
Hélène meurt le 2 juillet 1909 à l’âge de soixante-six ans. Elle n’a aucun bien mais ses trois enfants sont installés. Berthe tient avec son mari Paul Place un magasin de meubles dans la Presqu’Ile. Abel vit à Genève, il gère une solderie « Au Fouillis » et Georges est poissonnier sur le marché où il travaillait avec sa mère.
Sources : Archives départementales de la Gironde (3Q8273) et du Rhône 6M316; 1RP906; 6U1/5151) : Archives municipales de Lyon (Indicateur Henry 1928)